27 Juin 2019
Hello les Booklovers ! Comme convenu, je vous fais part d'une nouvelle que j'ai écrite ! J'espère qu'elle vous plaira ^^ n'hésitez pas à me donner votre avis !
La rejoindre
Après mon accident de voiture, je me souviens avoir vu les gyrophares de l'ambulance. Il y avait beaucoup de bruits autour de moi et surtout, beaucoup de monde. C'était oppressant. Je sais que c'est normal dans ces moments-là, les gens doivent faire leur boulot pour nous aider, les passants sont curieux et s'arrêtent pour voir ce qui se passe et certains membres de la famille peuvent arriver avant que nous soyons transportés dans l'ambulance. Mais je n'aime pas être autant entourée. Je préfère être un peu à l'écart pour pouvoir observer le monde autour de moi et réfléchir.
Je me souviens d'avoir entendu mon père pleurer en me demandant de rester avec eux. Il y a encore une fois beaucoup de personnes qui sont venus dans ma chambre : de la famille, des amis proches, des professeurs et même des personnes que j'avais à peine croisées au lycée. C'est fou quand même, comme les gens s'intéressent soudain à toi quand il t'arrive quelque chose de grave. Ils font semblant de compatir avec tes proches alors qu'ils ne se souciaient absolument pas de toi avant. C'est vrai après tout, je n'ai jamais reçu autant de fleurs de toute ma vie. Ni de petits mots gentils non plus. En parlant de ça, j'ai lu un jour dans un magazine que les médecins se demandent si les personnes dans le coma entendent ce qu'on leur dit. La réponse est oui, j'en suis la preuve. Cela doit faire environ une semaine que je ne me suis pas réveillée. Et je me sens bien, vraiment bien. Je ne dois plus me lever tous les matins pour aller en cours, je ne stresse plus pour chaque examen, je ne dois plus aller travailler au restaurant pour faire un cinéma avec des amis, je n'ai plus à me soucier de ce que je vais porter pour plaire à Mathias. Et puis surtout, je ne dois plus faire tout ça en ayant l'absence de ma mère en tête. C'est ça le plus dur : continuer de vivre une vie normale alors qu'elle n'en a pas la possibilité. Personne ne devrait partir aussi jeune. « C'est la vie », m'a-t-on dit. Mais c'est étrange, parce que je n'ai entendu personne dire à mon père que mon accident c'était la vie. On ne lui a pas dit qu'il devait continuer à vivre une vie normale, ni qu'avec le temps, la douleur passerait. C'est parce que je ne suis pas encore morte ? Parce qu'ils ne veulent pas le brusquer ? Ou tout simplement pour qu'il continue de payer les frais d'hospitalisation alors que je sais très bien que je ne vais pas me réveiller ? Pourquoi ? Parce que je n'en ai pas envie. Cet accident m'a montré que l'on vit dans un monde hypocrite où chacun vit pour soi-même, un point c'est tout. Qui voudrait vivre ainsi ? Personne ne se rend compte de toutes ces guerres absurdes autour de nous ? De la méchanceté et de l'avarice des gens ? Je n'en peux plus de ce monde de fous.
Comme si on avait entendu ma requête, une lumière blanche apparaît devant moi au lointain, comme un long couloir que je dois traverser. C'est donc bien ça la mort ? On ne nous a pas menti pour une fois ? Je souris doucement, heureuse. Je vais enfin pouvoir rejoindre ma maman là où elle est. Elle m'a tellement manqué... J'espère que je ne l'aurais pas trop déçue pendant le temps où nous avons été séparée. J'ai fait quelques bêtises c'est vrai.. J'ai séché les cours avec Sarah quelques fois pour pouvoir aller nous reposer tranquillement chez elle. Je suis entrée au cinéma sans avoir payé ma place. Et puis, j'ai aussi couché Mathias. Ça fait environ deux ans que nous sommes ensemble. C'est beaucoup tout de même... Et puis il est tellement adorable avec moi ! Il est du genre hyper romantique et attentionné et je sais qu'il aurait débarqué à la seconde où j'aurai eu besoin de lui. Ça doit être ça, tomber amoureuse : ne voir que les bons côtés chez quelqu'un. Quand je pense à lui, je revois tous nos souvenirs et je le vois sourire avec ses adorables fossettes ! J'adore le voir rougir quand je lui dis qu'il est beau. Il est adorable.
Je m'arrête d'avancer pour revivre mes souvenirs avec lui qui défilent devant mes yeux. Il est vrai que lorsque je passe du temps avec lui, j'arrive à oublier quelques temps que ma mère est partie. Est-ce que cela fait de moi une mauvaise fille ? Je secoue la tête. Je ne sais pas...
Je m'apprête à reprendre ma route quand une voix dans ma chambre d'hôpital me cloue sur place.
- Camille, m'appelle la voix de Mathias. Je suis là ma chérie...
Je le sens prendre ma main dans la sienne et la presser doucement. Il la caresse en faisant des cercles sur le dos de ma main. J'aime tellement quand il fait ça...
- Les médecins m'ont dit qu'il ne tenait qu'à toi de te réveiller, reprend-il. Je sais que c'est difficile et que, peut-être, tu n'en as pas réellement envie. Je sais que tu penses à ta maman, que tu aimerais la rejoindre pour la serrer dans tes bras, je le comprends. Tu as besoin d'elle. Tout le monde a besoin d'une mère. Mais nous avons besoin de toi ici. Ton père, ta sœur, Sarah, moi. J'ai besoin de toi... Si tu venais à partir, je ne sais pas ce que je ferais. Tu m'as toujours vu comme un garçon adorable mais j'étais un petit con avant de te connaître. J'allais toujours me fourrer dans des sales coups, ça me faisait rire. Mais quand je t'ai vue la première fois, j'ai eu un électrochoc.
Je le sens reprendre sa respiration et étouffer un sanglot. Mon cœur se serre de le sentir si triste.
- Tu avais l'air... Si douce, si pleine de vie. Et en même temps, tu avais ce chagrin au fond des yeux. Je me suis promis de tout faire pour l'atténuer, de tout faire pour te protéger et te faire sourire. Et je pense avoir réussi. Tu m'as donné l'envie d'être quelqu'un de meilleur. Pour toi mais également pour moi. Alors je vais être égoïste aujourd'hui... Je vais te demander de revenir. Pour ta famille et tes amis. Mais surtout pour moi. Parce que sans toi, celui que je suis devenu n'aura plus aucun intérêt.
Je sens quelque chose d'humide tomber sur ma main et je comprends rapidement que ce sont ses larmes. Je pleure moi-même intérieurement. Je n'aurai jamais cru un jour pouvoir entendre une déclaration pareille, surtout qu'elle m'est destinée. Moi qui suis une énorme romantique, je pensais qu'il n'y avait que dans les livres que cela existait. Je me trompais.
Je recule d'un pas. Puis refais un pas en avant. Un autre en arrière. Un en avant et un second puis un troisième. Je suis désolée Mathias, mais je ne peux pas rester... Il faut que je rejoigne ma mère, j'en ai besoin.
- Tu as plus besoin d'eux, me dit une voix.
Je tourne la tête dans la direction du son et m'arrête. Ma mère est là, à côté de moi. J'éclate en sanglots et m'approche d'elle pour la prendre dans mes bras. Elle est là, vraiment là ! Elle me serre de toutes ses forces comme j'en avais besoin et embrasse mes cheveux.
- Maman... Tu m'as tellement manquée...
- Tu m'as manqué ma chérie. Mais tu dois retourner là-bas.
- Je ne peux pas...
- Si tu peux.
- C'est trop dur sans toi...
Elle sourit tendrement et me prend doucement par les épaules.
- Je sais que c'est dur ma chérie, et ça le sera toujours. Mais ne penses-tu pas que toutes ces personnes qui t'aiment ne vont pas trouver la vie dure ?
- Ce serait si facile de se laisser aller...
- Rien n'est facile ma puce, parce que tu verras la peine que tu as provoquée aux personnes que tu aimes. C'est la vie. Mais ça vaut le coup d'être vécu. Regarde vers l'avant et non vers l'arrière. Ne t'encombre pas de remords ou de regrets. Vis ta vie. Ils ont besoin de toi. Et tu as besoin d'eux. Tu as réussi plus d'une fois à oublier tes problèmes lorsque tu étais avec eux. Alors continues. Sors, bouge, amuse-toi. Deviens qui tu as envie d'être. Et crois-moi, ta vie sera heureuse malgré tes problèmes. Tu me rejoindras quand ce sera ton heure, quand tu seras vieille et fripée et que tu auras déjà plusieurs petits enfants.
Je ris à travers mes larmes et serre ses mains dans les miennes.
- Et quand ton heure aura sonné, je serai là pour t'attendre et nous veillerons ensemble sur tous ceux qui te sont chers. Alors promets-moi que tu vivras. Promets-moi que tu feras tout ce qui en ton pouvoir pour vivre la vie que tu veux vraiment. Promets-moi que tu seras heureuse sans moi.
- Je te le promets maman, dis-je en sanglotant.
Soudain, une douleur m'étreint le buste et se diffuse doucement dans mon corps. J'ouvre les yeux et la lumière m'aveugle. J'entends la voix de Mathias m'appeler doucement. Je suis en vie.